La Ligne de Partage des Eaux

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Je me redresse, debout maintenant, droit, sur mes deux jambes, je me retourne et je contemple la trace laissée par mon corps sur le sol, je contemple le cimetière de mon destin, je contemple, et je souris, il n’y a plus rien ici qui me retienne, plus rien, ce n’est pas mon pays, je souris, ce n’est pas ça mon pays, ça ce n’est pas mon pays, rien ici, qui m’appartienne, je lève la tête vers le ciel, je regarde, ma peau blanche, et nette, et douce, et je souris, et je me remets en marche, et j’ai marché, encore, et encore, pendant combien de temps, je ne sais pas, j’ai marché, pour aller de l’avant, pour trouver autre chose, j’ai marché, dormi, bu l’eau des rivières, mangé des feuilles et des baies, rien n’a vraiment d’importance quand ce qui est important est toujours plus avant, et j’ai marché encore, la forêt ne semblait jamais devoir finir, et parfois je débouche sur une clairière, et je me couche dans l’herbe, pour goûter à la caresse de sa fraîcheur, roulé en boule, avant de repartir, toujours plus avant, jusqu’à ce jour, je m’en souviens, soudain le bruit d’une rivière. Extrait du texte

Note d’intention

Quand j’ai découvert le texte d’Alex Lorette durant l’été 2010, j’ai tout de suite retrouvé dans le propos de la pièce des éléments très personnels qui font écho à ma vision et à mon ressenti actuels vis à vis des « choses de la vie ». Ainsi, en tant que jeune metteur en scène, je suis souvent confronté à des angoisses quant à la légitimité de ma pratique artistique, angoisses bien souvent paralysantes qui empêchent d’avancer. Or, le personnage de ce texte ressent cette même peur, cette même difficulté à vivre le temps présent. Cependant, il y répond par une solution toute simple : avancer, ne jamais regarder derrière soi, n’avoir pas peur de lâcher prise, et avancer encore et toujours En plus du propos très métaphorique de la pièce, j’ai également été très touché par l’écriture d’Alex Lorette. La pièce se découpe en sept parties, chaque partie correspondant chacune à une phrase unique. Il y a donc un travail sur la respiration et le souffle particulièrement intéressant à faire entendre, comme si la parole ressemblait au cours d’un fleuve avec un mouvement perpétuel ou à des mouvements de caméra à l’épaule.

Le mot de l’auteur

En scène un homme s’avance seul. Nous ne savons rien de lui si ce n’est qu’il a choisi de rompre toute attache. Ses errances le conduisent dans la nature où, à plusieurs reprises, la pluie, la boue, le tronc d’un arbre lui portent secours. La ligne de partage des eaux nous plonge dans l’esprit d’un homme fragmenté, obsédé par la nécessité d’avancer afin de survivre et ne pas sombrer.

À propos

A la base de l’écriture, il y a un travail de comédien, une étude corporelle réalisée sur le loup. De cette performance corporelle est née une première partie de texte, haletante, hachée. Plusieurs mois plus tard, l’écriture a suivi son cours pour aboutir à ce texte sous forme de sept mouvements, récit de l’errance d’un homme à la recherche de lui-même et de son double. - Alex Lorette

Texte Alex Lorette
Mise en scène Vladimir Steyaert
Avec Antoine Sastre
Scénographie et costumes Rudy Sabounghi
Vidéo Eric Petrotto
Création sonore Jean-­Christophe Murat
Lumières Yann Loric
Production Compagnie Vladimir Steyaert
Coproduction Théâtre Le Verso

 
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