Huis Clos

Steyaert Compagnie Vladimir-huis clos-la comedie-l usine-saint etienne 049-min.jpg

Jean-Paul Sartre

mise en scène Vladimir Steyaert









Une Tour de Babel démoniaque

Monter Huis Clos avec des comédiens roumain, croate, allemand et togolais, c’est d’abord faire résonner la langue de Sartre avec un florilège d’accents qui vont plonger le spectateur dans une atmosphère étrange, une sorte de Tour de Babel démoniaque revitalisant ce texte et lui donnant une portée encore plus universelle.

Huis Clos est une intense lutte de pouvoir entre trois personnages avec les mots comme arme de guerre. Les mots, ici, peuvent tuer, rassurer, caresser, faire douter… En aucun cas, ils ne sont anodins évitant ainsi à la pièce de tomber dans un théâtre de salon.

En commençant les répétitions, nous nous sommes très vite aperçus que la violence contenue dans Huis Clos n’était pas uniquement verbale mais qu’elle s’exprimait à travers les corps des personnages. En effet, ils se touchent, se désirent, se repoussent, se brutalisent, ce qui amène un fort engagement physique de la part des comédiens.

Note de mise en scène

Or c’est en retirant ces costumes que va surgir leur véritable « être » car leurs aveux, sous le regard impartial voire sadique des autres protagonistes, vont les obliger à être « nus comme des vers »

Enfin, pour la création sonore, j’ai voulu accentuer le côté infernal de la pièce. Ainsi, outre l’utilisation du célèbre « Hells Bells » d’AC/DC, j’ai demandé à Fabrice Drevet de créer une ambiance pesante, oppressante avec la présence quasi-permanente d’une nappe de sons. Je souhaitais également que cette création soit à la fois charnelle et démoniaque d’où l’utilisation de guitares électriques et de batteries.

En résumé, que cet enfer soit rock n’roll !

Le dispositif scénique, imaginé par Rudy Sabounghi, tend à créer une distance entre les protagonistes de la pièce et le spectateur afin que ce dernier les observe comme des insectes piégés dans un bocal.

Une forêt de luminaires présents au-dessus et autour des canapés peut permettre à certains moments de symboliser les flammes de l’enfer.

Au fur et à mesure de la pièce, Garcin, Inès et Estelle vont révéler leur nature monstrueuse mais banalement humaine. Il m’a donc semblé nécessaire à travers le choix des costumes de montrer ce que les personnages aimeraient « paraître ».

Mise en scène Vladimir Steyaert
Coproduction Compagnie Vladimir Steyaert
Scénographie et costume Rudy Sabounghi collaboration à la scénographie Jacques Mollon
Lumière Cyrille Chabert
Son et vidéo Fabrice Drevet
Maquillage et perruques Nathy Polak
avec
Roger Atikpo, Adela Minae, Urša Raukar, Jérôme Veyhl
Production Comédie de Saint-Étienne – Centre Dramatique National
Coproduction ZKM-Théâtre des Jeunes de Zagreb et Théâtre National de Craiova.
La Cie Vladimir Steyaert est subventionnée par la Ville de Saint-Etienne et le Conseil Général de la Loire.

Création le 23 novembre 2010 à la Comédie de Saint-Etienne.
Elle a été jouée du 23 au 27 novembre 2010, du 11 au 15 janvier et du 25 au 31 mars 2011 à Saint-Etienne pour un total de 23 représentations.
Le spectacle a été repris au Théâtre du Lucernaire à Paris du 20 juillet 2011 au 10 septembre 2011 pour 39 représentations avant de partir en Croatie au ZKM, Théâtre des Jeunes de Zagreb pour deux représentations les 13 et 14 octobre 2011.

 

Revue de presse

La mise en scène de Vladimir Steyaert dégraisse la pièce de toute attraction. Elle fait entendre les relations de désir et de manque entre les êtres, la nécessité pour chacun de se voir dans les yeux d’autrui. Les comédiens venant de pays différents accentuent l’universalité de la pièce. Rarement Sartre n’a paru si humain, si charnel et vivant.

Sylviane Bernard Gresh, Télérama

 

La mise en scène de Vladimir Steyaert est impeccable . S’appuyant sur la belle scénographie de Rudy Sabounghi, il a su insuffler de la chair et du mouvement. Bravo !

Marie-Céline Nivière, Coup de coeur de Pariscope

 

Sartre l’a dit, Steyaert l’a fait.
Abordant le texte sans aucun parti pris, la troupe livre une prestation hors du commun d’une pièce qui souffre de sa notoriété. Il parvient à rendre physique et animale une pièce souvent jugée trop bavarde. Aidé par des comédiens phénoménaux et grâce à une mise en scène « charnelle et démoniaque », Steyaert parvient à exprimer toute la modernité et toute l’intensité dramatique propres à cette pièce.

David Nieto, L’Humanité

 

C’est audacieux, c’est extrêmement bien joué, divinement bien vu.

Stéphanie Joly, Paris-ci la Culture

 

Dirigé efficacement, présentant ce soir-là deux comédiennes et un comédien « habités », ce spectacle rend heureux. Pourquoi ? Sans doute parce que la pièce est déjà suffisamment « intello » pour qu’on se soit privé d’en rajouter. L’idée de diriger les interprètes dans un registre très physique et réactif, fait qu’on accroche, fatalement.

Gérard Noël, Reg’Arts

 

La mise en scène audacieuse qui joint la violence des mots et des actes étreint le spectateur dans ce huis clos irrespirable. La chaleur de l’enfer est là palpable. Tout existe et rien n’existe car ils sont en enfer. Le propos de la pièce va plus loin puisqu’en prenant pour porte-paroles des comédiens de différentes nationalités, Vladimir Steyaert prolonge le débat en exhortant les spectateurs à respecter l’autre, l’étranger. Le thème récurrent et humaniste de vivre ensemble constitue à lui seul un défi. Les comédiens jouent avec une vraie sincérité un texte qui est loin d’être aisé. Le public ressent les transes de ces personnages et vit leurs angoisses proches proches du désespoir. Cette mise en scène réussie apporte à l’ensemble une adaptation aboutie et pleinement maîtrisée.

Laurent Schteiner, Théâtres.com

 

Vladimir Steyaert rend hommage à Sartre ; à sa philosophie, à sa compréhension de l’oeuvre, redéfinissant lui-même la thématique avec l’acuité d’une modernité dépoussiérante qui traverse le temps sans complexes ni anachronismes.

Yves-Alexandre Julien, La Théâtrothèque

 

Au Paradis, petite salle perchée du Lucernaire, la mise en scène rock de Vladimir Steyaert fait merveille. Les comédiens offrent une époustouflante générosité de jeu. A voir absolument.

Cécile Almendros, L’Infirmière Magazine

Précédent
Précédent

Codebreakers

Suivant
Suivant

Le “Mystère” Scriabine